Galerie virtuelle de Souk Ahras
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Souk Ahras, (en arabe algérien: سوق أهراس Soug Ahras / en berbère: ⵜⴰⴳⴰⵙⵜ Tagast) ou « la protégée des lions », anciennement Thagaste ou Tagilt, est une commune de la wilaya de Souk Ahras en Algérie, située à 75 km au sud-est de Guelma et à 100 km au sud-est d'Annaba. La vieille ville de Thagaste est mentionnée par Pline l'Ancien comme une municipe.Ville natale de saint Augustin (né le 13 novembre 354), évêque d'Hippone5, Souk Ahras a joué un rôle important dans l'histoire politique et culturelle de l'Algérie en raison de sa position stratégique. Carrefour des civilisations numide, puis romaine et enfin berbère, elle fut le lieu de fortifications militaires (Madaure, Tifèche, Khemissa...) et de centres urbains.

Pendant la colonisation française, elle est devenue une importante ville commerciale assurant les échanges entre le Sud, le Nord-est algérien et la Tunisie. Pendant la révolution, elle a abrité dans les djebels des Ouled Bechiah une base autonome des différentes wilayas de l'Armée de libération nationale, appelée « base de l'Est ».

La période numide et punique[modifier | modifier le code]

Carte ancienne de la Numidie, Taghaste apparait vers l'est, Heinrich Kiepert's Atlas Antiquus, Berlin 1869
La plus importante source d'informations sur cette époque de la ville, reste les Confessions d'Augustin où il raconte ses aléas dans la ville de son enfance.

En 814 avant notre ère, les Phéniciens fondèrent la ville de Carthage et nouèrent des relations commerciales avec les peuples berbères de la région. Trois centres commerciaux furent fondés par la suite à Souk-Ahras, M'daourouch et Tébessa. Les Berbères de Souk Ahras apprirent des Puniques certaines techniques d'agriculture, d'architecture et de planification urbaine, et furent aussi influencés par leur langues et certains de leur rites religieux.

Durant cette période, les Berbères s'organisèrent en deux puissants royaumes qui sont Massaesyles et Massyles après qu'ils furent de simples tribus éparses gouvernées par les Aghlid (ⴰⴴⵍⵉⴸ Rois en Berbère) Gaïa pour l'un et Syphax pour l'autre.

Massinissa et Rome vainquirent Carthage, ce qui leur permettra de réaliser l'unification de la Numidie, regroupant Massaesyles et Massyles aux environs du iiie siècle avant notre ère. À partir de là, furent établies les actuelles frontières de l'Algérie. Elle engloba un bon nombre de tribus berbères de Souk Ahras. Parmi elles Gétules, Garamantes, Maures, Libyques et Musulamii (en).

Carthage sut saisir l'importance stratégique de Souk Ahras et des régions berbère s'étendant au nord. Elle œuvra à la réalisation de leur alliance dans ses rangs au cours des guerres puniques qui durèrent plus de cent ans entre elle et Rome car la région était objet de conflits entre les Phéniciens et les Romains dont l'enjeu était l'extension et l'acquisition des richesses.

La période Romaine[modifier | modifier le code]

Augustin enfant à Taghaste

Tombeau de Monique, mère d'Augustin, à la basilique Saint-Augustin de Rome
Avant la période romaine, Souk Ahras était sous le règne de Massinissa et fut considérée comme une ville d'une certaine importance, un point de passage stratégique vers Carthage. Massinissa et Rome vainquirent les Carthaginois et Syphax sous le commandement d'Hannibal au moment du déclenchement de la célèbre bataille de Zama dans la région de Naragara (actuelle Heddada), aux environs de l'année 202 av. J.-C. L'ambition de Massinissa grandit après qu'il eut unifié la Numidie de l'est à l'ouest. Rome eut peur qu'il ne portât atteinte à ses intérêts dans la région ou qu'il l'attaquât. Elle lui déclara la guerre en l'an 155 av. J.-C. Après sa mort en 147 ou 148 av. J.-C. Rome envahit la Numidie et s'établit dans le nord de l'Afrique à partir de l'est aux environs du ier siècle de l'ère chrétienne. Rome étendit son influence sur Souk Ahras. Elle édifia des villes, des colonies et des forteresses pour que sa communauté puisse s'y établir.

Durant la période pré et post Massinissa, Souk Ahras connut un ensemble de croyances et de rite religieux, tels la sanctification du soleil et de la lune, reconnus comme des dieux célestes. Il fut découvert dans la région une inscription latine portant l'expression "Solo deo invicto" (Le soleil Dieu puissant), comme des textes décrivant des sacrifices humains au dieu punique Moloch. Les habitants de la région adorèrent aussi Ifri, une déesse supposée protéger les résidents des grottes et des cavernes car dérivant du mot afri qui signifie caverne en Amazigh.

Durant cette période, le système romain inclut Souk Ahras dans le territoire Africa Nova ayant pour capitale Hippone (Annaba).

Aux environs de l'an 27, il fut procédé à la réorganisation de l'Empire. Africa Nova et Africa Vetus furent unifiés en ce qui s'appela l'Afrique proconsulaire ayant pour capitale Carthage et Souk Ahras devint l'une de ses plus importantes villes. Économiquement, les Romains se basèrent sur l'exportation des richesses de la région vers l'Empire. De ce fait, elle fut considérée comme le grenier de céréales et des richesses dans toute leur diversité. En plus de l'exploitation des richesses agricoles de Thagast, elle exploita également ses richesses animales. Les Romains chassèrent les lions, les guépards et les ours de ses forêts pour les utiliser dans les aires de lutte et les jeux de cirque, l'opération ayant été dessinée dans une mosaïque de terre se trouvant à Henchir El‑K'siba (Ouled Moumen).

« Tagaste est une ville de haute classe, et de grande culture, où les livres étaient abondants, au point que la municipalité les distribuait gratuitement aux enfants, et que si quelqu'un achetait une brosse à dent, le vendeur lui offrirait un livre avec7. »

— Elbert Green Hubbard
Ils chassèrent aussi, des forêts de Bagrada, les éléphants sur la base de l'argument de protection des terres agricoles. Leur motivation restait l'ivoire au prix très élevé, utilisé pour l'embellissement des palais et des maisons somptueuses. Parallèlement à cette situation, plusieurs révolutions éclatèrent à Souk Ahras, à l'exemple de la révolution des Gétules durant l'ère de Juba II qui s'étendit à toute la Numidie, suivie par la révolution de Tacfarinas qui fut rejoint par le révolutionnaire Micipsa. Elles prirent la forme d'une révolution sous le commandement de Firmus et de son fils Nubel 8.

La période vandale[modifier | modifier le code]
À la suite des nombreuses crises connues par Souk Ahras durant la dernière période du règne romain, arrivèrent les Vandales sous le commandement de Genséric après l'an 430. Les Vandales envahirent les villes romaines de la région de Souk Ahras puis marchèrent sur ses territoires affiliés au proconsulaire comme une zone d'implantation. Genséric hérita des Romains de la gestion des terres de Thagast et de ses villes et de la collecte des impôts de leurs propriétaires Berbères et Romains.

Durant cette période, le champ de la religion chrétienne s'élargit et se développa à Souk Ahras. Comme témoignages de cette période, on note des sculptures sur pierres sur lesquelles sont dessinées des croix chrétiennes aux environs de Kef Rdjem et aussi des monuments mortuaires comprenant une croix à Madauros, Souk Ahras, Khmissa et El-Hadada. Les tribus berbères de la région de Souk Ahras se soulevèrent contre les Vandales et attaquèrent les fermes et les villes. Le règne des Vandales à Souk Ahras ne dura pas longtemps[Combien ?], ils seront chassés par les Byzantins.

La période byzantine[modifier | modifier le code]

Statue du musée de la ville remontant à la période byzantine.
La présence byzantine dans la région intervient à l'année 534 sous le commandement de Blazirus. L'expansion des Byzantins vers Souk Ahras et d'autres villes de Numidie devait redoré le blason qu'avait l'Afrique romaine, ainsi que la récupération des dépôts de stockage afin d'approvisionner Constantinople. Une fois stabilisés, les Byzantins édifièrent citadelles et forteresses, utilisant pour cela des pierres des anciennes villes romaines. Les villes de Khmissa et Madaure furent occupées, des forts et des citadelles ont été construits en divers lieux de la région pour le contrôle des habitants et la protection des régions agricoles, plus particulièrement celles de Taghaste, en plus de celles de Henchir Kssiba (Ouled Moumen), Taoura, Tiffech. Malgré la politique byzantine pratiquée dans la région de Souk Ahras, celle-ci ne reçut pas un accueil cordial, auprès des indigènes. Des soulèvements se généralisèrent sur toute la région des Aurès sous le commandement de Labdas, Koceila et ensuite El-Kahina. Cette révolution aboutit à l'élimination du pouvoir byzantin, qui fut ensuite anéanti définitivement par les conquêtes islamiques aux environs du viie siècle de l'ère chrétienne.

Les conquêtes islamiques[modifier | modifier le code]
Les conquérants islamiques firent de l'est et du sud-est de l'Algérie une ouverture pour l'introduction de l'islam au pays des gouif du Maghreb d'une façon générale. Ceci s'effectua durant le deuxième mandat d. blchlci kcxtxyk hé xy7xoy y8yxohlj Oqba Ibn Nafi Al Fihri sur le Maghreb du temps de Yazid, qui conquit l'Algérie et qui arriva jusqu'à Tanger. Il se heurta à Okba et à son armée à Souk Ahras par la résistance des tribus guif qui se sont soulevées contre cette présence nouvelle par crainte de perdre les terres, la souveraineté et la liberté[réf. nécessaire].

Les révolutions contre les conquérants à Souk Ahras, furent menées par les leaders du Maghreb moyen Kahina et Aksel[réf. nécessaire]. L'islamisation ne put changer radicalement la vie des résidents locaux ; de ce fait, ils purent conserver leur langue berbère, leurs us et leurs rites. La propagation de la langue arabe se fit ensuite rapidement du fait de son statut de langue de Coran et finit par cohabiter avec la langue berbère.

Ibn El-Ashaath utilisa la citadelle byzantine de Tiffech et il édifia un camp de l'État majoritaire aux environs du viiie siècle de l'ère chrétienne. La dynastie des Ziri Ouled Abou Ziri et celle des Fatimides se succédèrent au xe siècle de l'ère chrétienne. Plusieurs autres dynasties comme les Aghlabides, Hafsides et les Almohades.


Dynastie Berbère des Hafsides (1228-1574)
Durant la période ottomane[modifier | modifier le code]
Souk Ahras est devenue une circonscription affiliée au Beylik de l'Est, ayant pour capitale Constantine sous le règne du Bey de cette dernière. La plus grande partie de ses habitants durant cette période, appartenait aux plus grandes tribus et plus particulièrement à celles de Hnancha et El‑Harakta. Les chefs de ces tribus furent appelés les Caïds (dirigeants). Ils travaillaient avec les hommes du beylik sous l'autorité du bey de Constantine et au vu de son importance, un grand nombre d'entre eux y résidèrent. La présence ottomane se distingua à Souk Ahras par la coexistence pacifique avec les indigènes. Toutefois, la politique et les lois turques qui y furent adoptées après, oscillèrent vers la tyrannie et la répression à l'encontre des habitants. Ils les contraignirent au versement de lourds impôts au makhzen. Ils furent aussi l'objet de nombreuses contraintes de la part des soldats turcs et des politiciens.

L'autorité ottomane versa dans les abus et les excès. Des révoltes éclatèrent, entraînant de multiples batailles, notamment celle des Hnancha sous le commandement de El‑Ouznadji contre le bey de Constantine. Pendant près d'un siècle, les batailles succédèrent à des périodes d'accalmie, jusqu'au départ définitif des Turcs de la région, qui resta indépendante jusqu'à la colonisation française.

L'occupation française[modifier | modifier le code]

Cheikh El Keblouti leader de la révolte de 1871 contre la présence française9.
Le 25 mai 1843, les troupes de l'armée française occupèrent la ville de Souk Ahras en deux campagnes. Au début de l'année 1856, Souk Ahras a enregistré les premières vagues des colons qui arrivèrent d'Europe, en vue de s'y établir, attirés par ses atouts naturels et climatiques et par ses potentialités agricoles, commerciales, et industrielles, ce qui entraîna la mise en place d'un centre de résidents européens à Souk Ahras.

En réaction à cette situation, les habitants de Souk Ahras se soulevèrent contre l'occupation française par le biais de résistances populaires, dont la plus connue fut la résistance des Hnancha sous la direction de Mohamed El‑Kablouti, ou ce qui est également connu par la résistance des Spahis en 1871. Cette résistance se développa parmi les tribus des Hnancha, comme une réaction aux mauvais traitements auxquelles furent soumis les habitants locaux, ainsi qu'à la décision de transfert d'un grand nombre de personnes des Sabahia, en vue de leur participation, aux côtés des Français, à la guerre qui les opposait aux Prussiens. Cette révolte eut un impact sur tout le territoire national. Quelques mois plus tard la révolte du Mokrani éclata.

Après le mouvement des Spahis, le champ de vengeance à l'encontre des autorités françaises s'élargit. Les tribus de Souk Ahras trouvèrent l'occasion propice pour exprimer leur refus de l'occupation. Elles se regroupèrent pour former la résistance populaire sous la direction des Cheikhs des Hnancha, à l'exemple de Cheikh Ahmed Assaîah, et El‑Foudheil Ben Razki.

Toutefois, le renforcement des forces françaises et la répression très dure du soulèvement, poussa El‑Kablouti et se compagnons à la retraite vers la Tunisie.

Au début du xixe siècle, la résistance prit une nouvelle forme à Souk Ahras. Ce fut le début de la lutte intellectuelle et politique, plus particulièrement après l'apparition de l'association des Oulémas musulmans d'Algérie et le mouvement national, représenté par le parti de la victoire des libertés démocratiques le parti du peuple et l'organisation secrète.

Souk ahras droguerie.jpg

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FLN prisoners and there seized machine-gun.jpg

Souk Ahras' former city hall, now a museum.jpg
La révolution de 1954[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Bataille des Frontières (guerre d'Algérie).

Photo prise par les appelés du contingent durant la bataille de Souk-Ahras

Souk Ahras passa de la Wilaya II, à une base indépendante nommée base de l'est à partir de 1957 sous le commandement de Laskri Amara dit Bouglez
Au moment du déclenchement de la révolution de 1954, Souk Ahras constitua un élément très important. Elle était affiliée à la deuxième région du Nord Constantinois. Après la chute au champ d'honneur de Badji Mokhtar, le 17 novembre 1954, et l'ébranlement de sa situation, elle devint une partie de la première région Aurès Nmemcha, depuis octobre 1955. Après la consolidation de la révolution et son intensification, la région frontalière de Souk-Ahras acquit une grande importance vu sa situation stratégique et sa position sur les frontières de l'est. Les Moudjahidines pouvaient ainsi s'approvisionner en armes et en munitions. C'est pour cela que fut fondée la base de l'est en 1957, dont Souk Ahras abritait le centre de commandement. La base fut créée dans le but de superviser directement l'organisation de l'Armée de libération nationale sur les frontières.

Son existence dura près de deux années, et elle opéra le recyclage de l'armée de libération en 1959 et 1960 suivant des techniques et des procédés nouveaux, à la suite de la prise en charge, par le colonel Houari Boumédiène, de l'état-major, de l'Armée de libération. Boumédiène fut secondé par le commandant Ahmed Kaïd et le commandant Ali Mendjeli. Il leur fut adjoint par la suite le commandant Azzedine. La base donna un nouvel élan à la Révolution, particulièrement dans le domaine du financement, de l'approvisionnement et les affrontements contre les centres du colonialisme français sur les lignes Challe et Maurice10.

Souk Ahras a participé à la Révolution, en collaboration avec l'armée des frontières établie en Tunisie, par le biais de création de centres propres à elle destinés à l'entraînement des moudjahidine et au stockage des armes. Ces centres s'étendirent tout au long de la frontière. Nous pouvons citer Ghardimaou, Tajerouine, Le Kef et Sakiet Sidi Youssef.

Parmi les plus importants de ces centres, citons : l'École des cadres à Melag, l'École des experts en explosifs à Le Kef, le centre d'entraînement à Garn Halfaia. La base de l'Est joua un rôle prédominant dans l'organisation de l'Armée de libération nationale sur les frontières, plus particulièrement au début de l'année 1960, date à laquelle s'est implantée la structure de l'état-major à Ghardimaou sous la direction du colonel Houari Boumediene. La région a vécu également les événements de Sakiet Sidi Youcouf le 8 février 1958, date à laquelle les troupes aériennes françaises bombardèrent la région considérée alors comme le refuge d'un grand nombre de moudjahiddine et de familles algériennes sur le sol tunisien.

Un grand nombre de batailles embrasèrent la région : la bataille d'El‑Houmaimim de Sidi Fredj à l'automne 1955, la bataille Djebel El‑M'ragha en décembre 1955, la bataille Eraâdia en mars 1956, la bataille de Boussassou en mai 1956, la bataille du Djebel M'sid en juin 1956, la bataille de Djebel Beni Salah en février 1957, la bataille de Djebel El‑Ouassita en janvier 1958, la bataille de Djebel Sidi Ahmed en mai 1959, la bataille de Khanga Estara en 1960, et la bataille d'El Maâgoula en novembre 1961. À cela il faut ajouter les nombreux accrochages et embuscades10.

La bataille de Oued Echouk (littéralement : Oued des épines), qui eut lieu le 26 avril 1958 est considérée comme la plus importante bataille de la révolution, sous le commandement de Mohamed Lakhdar Sirine. Aux 1 300 soldats de l'ALN l’Armée française opposa , 1 régiments paras d'appelés du contingent. 639 martyres tombèrent au champ d'honneur, ainsi qu'une centaine de soldats français. Cette bataille dura plus d'une semaine sur un rayon de plus de 50 km.